Comment construire l’inclusion et la collaboration dans une communauté artistique (ou tout autre espace)
Faisant maintenant partie d’un atelier d’art étant jeune (moins de deux ans), la question m’a été posée de savoir ce que j’améliorerais pour m’y sentir à l’aise. Ma première réponse ? Une bouilleoire à température réglabe pour avoir du thé vert et pas que du thé noir. Bon. Voilà quoi. Ma seconde réponse ? Peut-être mettre en avant qu’on est un espace inclusif de toustes. Mais comment on le fait, concrètement ? C’est une question qui m’a taraudé, parce qu’on peut mettre des drapeaux arc-en-ciels partout, mais cela ne promeut pas forcément un espace ouvert à toustes, juste qu’on est LGBT+ friendly.
Pendant mes recherches j’ai pris des notes et du coup, cet article est un condensé de plusieurs mois de notes et réflexion, parce que je pense que beaucoup de nos espaces artistiques se veulent inclusifs, mais on ne sait pas forcément comment nous y prendre.
Le sujet est super large et complexe après tout. Je prétends pas avoir la réponse, mais peut-être que vous trouverez un début d’idée de comment rendre vos propres espaces plus sûrs et inclusifs ?
D’ailleurs, dans l’article je vais parler d’espace dans son ensemble, pas forcément que de communauté artistique, même si j’ai orienté mes recherches sur ce sujet.
Quelques définitions pour qu’on soit toustes raccord
Appartenir : Être accepté-e et invité-e à participer, à faire partie de quelque chose et avoir l’opportunité de se montrer tel que l’on est
Inclusion : Invitation à la diversité, offrant à chacun l’opportunité d’être pleinement soi-même et de se sentir pleinement accepté-e et en sécurité tant physique qu’émotionnelle (qu’importe le genre, l’orientation sexuelle, la race, l’âge, le statut économique ou social et caetera).
Pourquoi rendre un espace plus inclusif ?
Parce que le monde n’est pas composé que d’homme blanc hétéro cisgenre. Il faut donc s’assurer que tout le monde soit inclus dans l’espace (et aussi en dehors, en fait), dans toute la diversité qui existe et doit être représenté de la même façon. Les minorités doivent être considérées et incluses dans tout espace car elles ont toujours tenté de se faire une place, de se faire entendre, mais la société les en empêche souvent, c’est donc à nous, la majorité de faire en sortent de créer des éléments structurants pour devenir véritablement inclusifs.
Valoriser la diversité consiste à reconnaître l’importance d’avoir des voix différentes dans un même espace et à faire tout ce qui est nécessaire pour créer une culture qui leur permettent d’exprimer pleinement qui iels sont au naturel.
Comment rendre un espace plus inclusif
Je pars du postulat que vous faites comme moi (personne non-binaire blanche pan) partie d’au moins une majorité (quelle qu’elle soit), mais réfléchissez à la manière dont on vous fait vous sentir inclus-e dans un espace.
De quelle manière ces rituels pourrait aider votre propre espace dans son intégralité si c’était mit en place systématiquement ?
Avez-vous besoin d’inspiration pour commencer quelque chose de nouveau ou de motivation pour poursuivre un projet en cours ? Voulez-vous célébrer ou reconnaître une tâche accomplie ou un travail bien fait ? Existe-t-il une façon d’incorporer un rituel dans un événement ou une réunion récurrente ?
Quel est un besoin dans ma communauté ? Comment la structure d’un nouveau rituel pourrait-elle contribuer à le résoudre ?
Quels rituels existent déjà ? Comment pourraient-ils être radicalement repensés ou subtilement ajustés pour être plus inclusifs ?
N’hésitez pas à créer des opportunités de participation : assurez-vous qu’une personne qui pense qu’elle pourrait appartenir sait comment entrer, se joindre et participer. Renforcez sa confiance pour qu’elle puisse passer de « Est-ce pour moi ? » à « Iels me veulent ! ».
Les efforts visant à améliorer la diversité sont généralement axés sur l’aide aux personnes issus de minorités pour qu’iels s’assimilent plus facilement. Mais cela ne résout pas le problème. Au contraire : les minorités savent déjà comment s’adapter, elles le font tout le temps. Ce sont les autres qui doivent travailler dessus et s’adapter un peu (beaucoup).
Un premier axe d’effort consiste à réfléchir de manière intersectionnelle aux problèmes d’inclusion. Cela signifie simplement comprendre qu’il existe plusieurs facteurs qui conditionnent le niveau de privilège de quelqu’un : les femmes blanches, par exemple, ont tendance à avoir des expériences très différentes de celles des femmes noires. De même qu’une personne non-binaire n’aura pas les mêmes expériences qu’une personne cisgenre ou transgenre.
Le deuxième axe d’effort consiste à reconnaître que vous avez un privilège (quel que celui-ci soit), il est bon de se rappeler que l’idée même que vous puissiez traverser la vie en « ne voyant pas la couleur » (comme le prétendent beaucoup de gens) est un signe sûr de privilège. Les personnes de couleur n’ont pas le choix de ne pas voir la couleur, car leur propre couleur affecte toute leur expérience du monde. On a beau dire que le genre n’affecte pas notre vision d’une personne, on a toustes apprit à agir socialement selon une binarité qui ne correspond qu’à peu de personne. Il est donc important de faire l’effort de voir les différences, d’en être conscient-e.
Et le troisième axe d’effort consiste à utiliser votre propre privilège, quelle que soit sa manifestation, pour le bien. Si vous êtes blanc, par exemple, vous risquez probablement moins de conséquences négatives si vous vous impliquez dans une situation que quelqu’un appartenant à une minorité. Soyez donc un allié et engagez-vous à porter les voix des minorités pour les aider à se faire entendre. Relayez leurs discours et écoutez leurs conseils, ne prenez pas dans l’espace leur place autant que possible.
Et surtout ?
Comprenez que ne pas être bigot-e (raciste, transphobe, contre une minorité quelconque) ne suffit pas. Vous devez aller au-delà de cela : vous devez être anti-bigot-e. Cela signifie que vous ne traitez pas seulement équitablement toutes les personnes, mais vous comprenez également comment vos privilèges vous bénéficie personnellement, vous parlez lorsque vous rencontrez de la bigoterie de la part d’autres personnes, éduquez les personnes autour de vous et laissez la place (lorsque vous le pouvez), pour que les concerné-e-s prennent la parole ou agissent.
Reconnaissance de la valeur de la diversité
Petit aperçu de la manière dont l’inclusivité favorise la collaboration dans les communautés artistiques et au-delà :
– Encouragement à l’échange d’idées et de techniques entre artistes de différents milieux
– Création d’un espace de travail collaboratif et inclusif
– Développement de partenariats interculturels et interdisciplinaires
Avantages de l’inclusivité dans les communautés artistiques :
– Stimule la créativité et l’innovation
– Renforce le sentiment d’appartenance et de représentation
– Favorise la visibilité des artistes sous-représentés et leur accès à des opportunités
Comment créer un environnement de soutien pour les artistes de tous horizons :
– Mise en place de programmes de mentorat et de formation pour les artistes émergents
– Promotion de politiques d’inclusion et de diversité au sein des institutions artistiques
– Création de ressources et d’espaces sûrs pour les artistes marginalisés
Établir des canaux de communication clairs et inclusifs
L’invitation à appartenir
L’appartenance commence par une invitation dans un espace (physique, numérique ou organisationnel).
La manière dont on est invité compte beaucoup. Que l’invitation à rejoindre votre groupe vienne personnellement d’un ami ou de manière anonyme sous la forme d’une annonce sur un panneau d’affichage dans un couloir, l’invitation est la première opportunité de créer un moment d’appartenance. L’invitation doit aider les gens à entrer dans l’espace de manière à instaurer la bonne atmosphère pour l’activité qui s’y déroule.
Les invitations sont également importantes pour rompre avec les schémas établis. Si vous espérez aller au-delà de votre communauté existante, vous ne pouvez pas vous fier à votre ancienne liste de diffusion par e-mail ou à vos canaux de communication habituels.
Créer des opportunités pour que les voix marginalisées soient entendues
Ne compliquez pas les choses inutilement. Commencez par ce qui est évident, puis réfléchissez à ce qui pourrait se trouver entre les deux.
Comment rendre un espace plus diversifié et acceptant ?
Dans un monde idéal, un espace doit être conçu pour que vous puissiez vous approcher, voir ce qui se passe, puis vous lancer quand vous êtes prêt-e.
Si suffisamment de signaux dans un espace peuvent amener les membres d’un groupe à se sentir en sécurité sur le plan de l’identité, cela pourrait neutraliser l’impact d’autres signaux dans l’environnement qui pourraient sinon les menacer.
Une idée pour rendre un espace plus accueillant est de créer des signes d’appartenances. Des signes qui sont suffisament similaire aux groupes que vous voulez (faire) intégrer et leurs donnes une vision qu’iels sont déjà à leur place avec vous.
Des signes d’appartenance, tel que :
Un espace : À l’intérieur ou à l’extérieur, il nous guide sur ce que nous pouvons être, comment et avec qui. De part son agencement (accessibilité des locaux et des meubles), mais aussi sa décoration.
Un/des rôle(s) : Souvent supposés plutôt qu’assignés, les rôles sont puissants pour redéfinir comment une communauté interagit. Soyez clair à l’avance sur qui va venir et quels rôles les gens joueront. Concentrez-vous sur les rôles nécessaires pour favoriser le sentiment d’appartenance. Qui accueillera les nouveaux ? Qui honorera le besoin de désaccord ? Qui soutiendra les besoins d’accommodements de différentes natures ?
Des événements : Vous savez qu’ils sont importants pour l’appartenance, les événements peuvent également être conçus pour réduire la différenciation.
Des rituels : Plus spécifiques qu’un événement, les rituels signalent une intention soigneuse et aident à créer du sens.
Des regroupements : Il existe de nombreuses façons positives de regrouper les gens selon leurs affinités.
Des communications : Vous pourriez avoir besoin d’ajuster explicitement ce levier de conception omniprésent.
Des vêtements : Ce n’est pas aussi futile que cela pourrait sembler.
De la nourriture : Partager un repas peut être la forme ultime d’appartenance.
Des horaires et des rythmes : Nous vivons en temps réel et pouvons mieux le façonner pour le monde que nous voulons voir.
Laissez une trace : Invitez les gens à laisser une trace de leur travail, de leur réflexion ou de leur personnalité, comme une photo, une étiquette ou un objet symbolique. Permettre l’accumulation de touches personnelles peut être un signe puissant et visible d’appartenance.
Deux idées de rôles importants dans un espace :
Le détective :
Peut-être que ce qui est nécessaire pour favoriser davantage le sentiment d’appartenance dans votre groupe, c’est un peu d’enquête. Pouvez-vous charger quelqu’un d’investiguer sur la manière dont les gens se sentent vraiment ? Il pourrait y avoir un incident qui rend les gens nerveux, le désir d’examiner les flux de travail quotidiens ou la nécessité de soutenir une équipe de projet qui rencontre des difficultés récemment. Une fois que vous en savez plus sur la réalité du groupe, vous pouvez concevoir des changements si nécessaire. Si le détective a trouvé des indices montrant où un plus grand sentiment d’appartenance est nécessaire ou a constaté des sentiments de différenciation, il est temps de concevoir. Rassemblez l’équipe pour partager plus pleinement les sentiments et les résultats, et générez des idées pour le changement.
Le concierge :
Nommez quelqu’un pour assumer le rôle de répondre aux besoins des autres. En observant et en apprenant, cette personne pourra rendre compte des besoins sous-jacents que la communauté pourrait souhaiter aborder de manière plus systématique. Par exemple, le concierge pourrait découvrir que vos aînés ont besoin de soutien pour le transport ou que vos participants internationaux cherchent des moyens de rester connectés à leur culture ou ont besoin d’options alimentaires différentes. Cette découverte peut vous pousser à construire, en utilisant certains des autres leviers de conception. Peut-être que vous pouvez réimaginer l’espace, les regroupements, ou la nourriture pour rendre votre programme plus inclusif.
Les habitudes concrètes à adopter
La clé de la conception pour favoriser le sentiment d’appartenance est d’en faire une habitude. Les petites actions conduisent à une compréhension plus profonde et offrent l’occasion de voir les choses sous un nouvel angle. En saisissant les opportunités dans votre vie pour concevoir un sentiment d’appartenance, vous essayez, puis vous réfléchissez. Un impact positif peut vous encourager ; un impact négatif est une donnée importante que vous pouvez utiliser pour réessayer.
Ces actions varieront en fonction des besoins spécifiques du groupe minoritaire. Alors que les LGBTQ+ affirment que la représentation par d’autres LGBTQ+ lors de moment de socialisation est importante, les personnes handicapés signalent que des horaires flexibles et des aménagements pour les limitations physiques sont essentiels pour garantir l’épanouissement et l’impression d’appartenance.
Pour vraiment changer la culture d’une communauté, il faut aller au-delà de la sensibilisation et se concentrer sur des actions concrètes. Ces actions ne doivent pas être sporadiques et individualisées, mais plutôt intégrées au fonctionnement quotidien.
La transformation passe par l’action. La culture est quelque chose que vous faites.
Dans un environnement psychologiquement sûr, chacun-e se sent capable de dire ce qu’iel doit dire, sans craindre de se retrouver dans des ennuis.
C’est ce genre d’environnement qui permettra à tous le monde de s’épanouir, car iels pourront s’exprimer et prendre des risques sans craindre d’être injustement punis si quelque chose ne va pas. S’assurer que tout le monde se sent psychologiquement en sécurité est le meilleur moyen d’encourager l’innovation et la créativité dans une communauté.
Encore une autre action conrête consiste à embrasser le pouvoir des groupes de ressources. Ce sont des groupes où les gens peuvent discuter de leurs expériences communes ensemble dans un espace sûr.
Faire face à la résistance à l’inclusivité
Faire face aux préjugés et aux biais inconscients
Les biais inconscients sont dangereux car ils sont invisibles. Par exemple, si vous avez une croyance internalisée selon laquelle les femmes sont de moins bon conseils, vous filtrerez tout ce qu’une femme dit à travers ce biais, mais vous ne réaliserez même pas que vous le faites. Au lieu de cela, vous penserez que c’est juste un fait objectif que la femme à qui vous parlez n’a pas le conseil dont vous avez besoin. Bien que cela puisse être vrai, le fait est que vous ne lui avez jamais donné une véritable chance ! Vous avez pris votre décision avant même qu’elle ne parle.
Nous devons confronter les biais inconscients pour transformer nos espaces.
Alors, que pouvons-nous faire à ce sujet ? La première étape est l’acceptation. Des déclarations telles que « je ne vois pas la couleur » ne font que masquer le problème. Une fois que vous acceptez que vous avez des angles morts, vous pouvez commencer à vous renseigner sur vos biais et vous déconstruire, d’apprendre des minorités pour mieux agir et mieux être.
Conclusion
Faites de votre mieux pour inclure tout le monde dans votre communauté et créer de la diversité. L’utopie n’est pas atteignable, mais désirable et chaque action permet de s’en rapprocher et c’est tout à votre honneur de la rechercher.
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