Décalquer et copier … C’est mal ?

Au détour d’internet vous êtes sûrement déjà tombés sur des avis telles que « décalquer c’est mal », « copier c’est mal », « c’est vraiment ne pas avoir d’inspiration que de copier d’autres artistes » … Et c’est aussi vrai que faux. C’est une vaste question que je vais tâcher de répondre, parce que j’ai moi-même appris dans les livres que copier et décalquer pouvait m’aider à progresser et sur Internet tout le monde hurle que c’est être le malin incarné que le faire.

La vérité c’est que les deux points de vue sont corrects. 
Décalquer peut autant vous apprendre qu’être une pratique à ne pas faire.

Comment décalquer

Déjà, la définition du décalquage c’est de prendre un dessin (ou une peinture ou une photo et caetera) et la reporter sur un autre support.

Pour donner un exemple, c’est prendre une photo et retracer tous les contours sur une feuille à l’identique pour obtenir un nouveau lineart.

Il y a pas mal de façon de le faire, les plus simples et connus sont d’utiliser du papier calque (vous savez, le papier cuisson chelou qu’on nous faisait acheté à l’école et dont on se servait 1 fois dans l’année), utilisez une surface lumineuse ou un logiciel.

Pour décalquer avec du papier calque, il suffit de prendre son modèle, placer par-dessus son papier calque et comme on voit relativement bien par transparence, avec un stylo/crayon recopier.

L’utilisation d’une table lumineuse est aussi très répandue, on l’a toustes fait étant enfants. La façon la plus simple est de faire comme pour le papier-calque, mais avec une feuille de papier, en se collant à une fenêtre ensoleillée. La version moins verticale c’est de prendre une surface transparente (boite en plastique, vitre ou autre) et mettre une lumière derrière. Hop, ça fait une table lumineuse low-cost ! Parce que finalement, une table lumineuse c’est une lampe avec une vitre dessus (bon, incliné et avec des trucs utiles, mais la fonction première, voilà quoi).

Il y a aussi la version numérique réalisable avec tout logiciel pourvu de calque : on baisse l’opacité du calque contenant le modèle et sur un autre calque, on trace comme avec un papier calque en sommes.

Il y a sans doute d’autres méthodes, mais c’est les principales et les plus utilisés.

Est-ce que décalquer c’est tricher ?

C’est un peu la question du « c’est quoi un mauvais chasseur et c’est quoi un bon chasseur ».
Dans l’absolue, oui, décalquer c’est « tricher ». En réalité, ça fait partie quasi intégrante de l’apprentissage du dessin. On l’a touste fait à un moment donner et on a appris en le faisant plusieurs fois sur un sujet qui nous intéresser.

Décalquer permet de retenir visuellement des proportions, des formes et d’inscrire dans notre mémoire un sujet. Surtout si on prend le temps de découper ce que l’on recopie en forme facilement identifiable (je parle de rond, carré et triangle).

Quand les bases sont intégrées, le décalquage ralentit l’apprentissage et surtout, la créativité. Si on prend l’habitude de toujours décalquer, même ne serait-ce que les formes principales d’un sujet, on ne travaille pas son oeil à repérer les soucis de proportions dans ce que l’on dessine. Rajoutons à ça que le temps que vous passez à chercher une référence à décalquer peut prendre pratiquement plus de temps que l’illustration en elle-même …

Si c’est une envie de perfection qui vous fait décalquer à tout va et faire de vos dessins des photomontages … il faut que vous arrêtiez de vous mettre la pression. Rien ne sera jamais parfait, surtout si vous débutez. Les erreurs sont normales et font partie du processus. Il ne faut pas en avoir peur et encore moins les éviter.

Décalquer peut vous aider à apprendre à dessiner

Pour s’entrainer décalquer ça peut être pas mal du tout, mais il ne faut pas « juste » refaire les contours. Le mieux est de se servir du décalquage pour comprendre comment les formes s’agencent entre elles.

Décomposer une image peut-être une excellente méthode d’apprendre en décalquant.
1. Pour cela, commencez par choisir une photo (autant apprendre directement les bonnes proportions avec une vraie référence).
2. Repérez les différentes formes principales qui composent la photo sans rentrer dans les détails. S’il s’agit d’un humain, repérer la tête, le torse et les membres. S’il s’agit d’un animal, le crâne, le torse et les membres. Pour un paysage, le premier plan, le plan médian et le fond.
3. Quand vous avez vos repères, essayez de repérer plus de formes : un sapin, c’est un triangle, une main un carré avec cinq saucisses … bref, découper en forme moins complexe ce que vous voyez.
4. Maintenant qu’on voit à plat les formes, il est temps de tenter de les voir en volume. La meilleure façon de faire est d’imaginer un quadrillage sur votre forme.
Toutes ses étapes aideront votre mémoire musculaire et visuelle à repérer les éléments importants de votre sujet pour le refaire plus tard.

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi tenter de refaire les contours des zones d’ombres.

Ou tenter de redessiner sur une nouvelle feuille en partant de 0 la même photo, en vous aidant de la figure décalquée que vous avez faite.

Dans tous les cas, le décalquage ne doit pas être votre seule méthode d’apprentissage. Faites des études sans décalqué avec le même procédé, faites du gesture drawing, faites des copies d’artistes que vous appréciez, lisez des livres ou tutos … Bref, diversifiez vos sources.

En quoi c’est mal

Premièrement, parce que ce n’est pas votre illustration.
Ce sont des études que vous avez faites à partir du contenu de quelqu’un, qui en possède les droits exclusifs et que vous n’avez pas le droit de toucher en dehors de votre usage privé.
Même si vous précisez que vous avez eu un modèle, cela ne retire pas le fait que vous avez utilisé le contenu de quelqu’un sans en avoir l’autorisations. Vous n’avez pas plus d’autorisation de le publier où que ce soit.

Et quand on apprend, on est fier de notre progression et on a envie de partager nos croquis et études … donc autant garder pour nous nos décalques et faire d’autres croquis qu’on pourra partager.

Secondement, si on ne fait que décalquer, on ne pourra pas recevoir de critique qui sera utile à notre progression.
Quand on critique un décalque à part : tu as oublié l’oreille gauche, on peut pas dire grand-chose.
Lorsque l’on critique une oeuvre originale, on peut indiquer de véritables défauts et donc aider à mieux les repérer les fois suivantes, donc progresser.
Même si vous ne voulez pas que quelqu’un vous dise vos défauts, avec une oeuvre originale, vous les verrez de vous-même et cela vous aidera à y faire attention dans vos prochains dessins.

Et du coup, copier, c’est mal ?

C’est relativement le même souci.

C’est intéressant de recopier une photo ou un artiste que l’on apprécie, de chercher pourquoi ça marche, quel technique a été employé et apprendre par la copie, mais encore une fois on ne peut pas partager ce que l’on a fait vu qu’on en possède pas les droits et si on ne fait que ça, ça n’aide pas à progresser.

Cependant, copier un artiste que l’on admire et tenter de trouver sa façon d’arriver à un résultat donné est une excellente façon de progresser et là encore, c’est une méthode d’entrainement que je recommande.

Quand vous copiez, pensez à varier les artistes. Parce que chaque artistes à ses propres défauts, mais aussi pour le plaisir de crée au fur et à mesure un style qui vous plait.
Untel fait de superbe paysage, tenter de copier sa manière de faire.
Unetelle gère très bien les couleurs, vous pouvez aussi apprendre d’elle.
Et au fur et à mesure du temps, vous mélangerez ce que vous adorer chez ses deux artistes pour vous faire un style bien à vous.)

Voilà, j’espère avoir été clair … C’était pas facile, parce qu’il y a pas mal de choses à prendre en compte et autant de réponses négatives que positives.

Vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.